LE
VENT DE LA CAMPAGNE
Le
vent, le vent, parlons-en !... ces jours-ci, je ne l’apprécie guère. Il
nous oblige à bien fermer notre manteau, à rester dedans pour éviter ces coups
cinglants, et puis, il a couché la belle fleur de Pélargonium.
Je
rêve de la douce brise qui nous caresse le matin, qui fait onduler les blés,
frissonner le lac, et vivifier les pas hésitants. Elle passe partout, rien ne
l’arrête, curieuse de visiter chaque sentier.
Ah,
qu’il me tarde qu’il revienne, ce beau printemps !... « Reine »
Je
me revois enfant. La lessive n’était faite qu’une fois par an, une soixantaine
de draps souvent !...
La
place principale du village était entourée de piquets supportant des cordes à
étendre le linge. Cette place était fréquentée par les enfants du village et
bien sûr, par moi-même.
Nous
aimions à courir au milieu des draps battus par le vent souvent présent.
« Anna »
J’avais
un troupeau de canards, il y en avait peut-être soixante !...
Un
jour d’orage et de grand vent, mon Père me dit : « va rentrer les
canards ».
Munie
d’un long bâton, j’essaye de canaliser le troupeau, mais mon bâton-guide s’est
cassé et il m’a blessée profondément à la jambe.
J’ai
longtemps gardé une sensation de peur et de mal. Par la suite, mon Père m’a
interdit cette occupation.
« Marthe »
Une
année, un 14 juillet je crois… le vent
soufflait si fort, la grêle est tombée si forte, qu’au maïs il ne restait plus
que les tiges.
Les
fossés étaient blancs de grêle comme s’il avait neigé.
« Marcelle »
Rien
de tel qu’un grand vent pour tout balayer.
Une
certaine année, j’ai vu un désastre. Des champs de pruniers, source de vie du
Lot et Garonne, furent dévastés. Sous les survivants, nus, il y avait des tas
de feuilles projetées dans tous les sens.
Un
nuage, noir de grêle, est apparu, il a détruit le reste des cultures. Cette
vision m’a laissée surprise et imprégnée.
Positivons :
rien n’est plus beau à mes yeux qu’une campagne fraîche balayée par un vent
léger !
« Reine »
Le
soleil se lève, la brume épaisse et matinale s’est bien dissipée. Les nuages
roulent, impuissants, le vent se lève. La journée entière sera réservée au
vent. Les oiseaux épousent un vol non contrôlé, ils se posent sur la pelouse
sans s’attarder, cherchant à la hâte leur nourriture. La pie, du haut de son
perchoir, observe puis prend son envol. Sous l’impulsion du vent, la nature
s’anime, se protégeant au mieux. Les gros arbres offrent la splendeur, verte,
de leurs feuillages printaniers, ils gémissent et se balancent, luttant pour
garantir leur équilibre, leur vie.
Sous
le vent qui semble redoubler d’efforts, des brindilles courent dans tous les
sens, sans savoir où elles vont. Autour de moi tout est en mouvement, rien de
bien méchant pour le moment. C’est beau !...
Je
suis là, devant ma porte, le vent souffle me frappant en plein visage et
détournant, momentanément, le cours de mes pensées.
« Aline »
Assise
sur le siège métallique, je venais de râteler du foin avec un râteau à cheval.
On a vu venir le mauvais temps, mon mari m’a dit : « va t’en vite
avec le petit ! ».
La
tempête arrivait, nous avions très peur et le cheval aussi, il restait planté
là, impossible de le faire avancer. Je parvins à mener le cheval mais à peine
s’il bougeait, à chaque bourrasque il s’arrêtait. Le retour à la maison fut
ainsi très long, et j’ai eu très peur.
Enfin,
le petit et moi étions à l’abri, mais je craignais encore pour mon mari resté
au champ.
« Anna »
J’élevais
des poulets, ils étaient dans des cabanes. Un jour, un vent violent est venu
tout détruire.
La
colère m’a prise, je voulais sauver mes poulets… je rentrais dans les cabanes
au risque d’être blessée, mais je me sentais forte parce que j’étais en colère.
« Marcelle »
Ceci est un atelier d'écriture qui se déroulait dans une maison de retraite. Les personnes âgées qui y participaient ont écrit des textes en rapport avec le vent. Elles racontent leurs souvenirs et c'est toujours très bien fait. Leur mémoire est parfois défaillante mais il faut peu de choses pour la relancer, et pour qu'elles revivent des moments heureux ou pas de ce que fut leur vie avant la maison de retraite. Elles sont adorables !
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