vendredi 18 janvier 2013

Atelier d'écriture en Maison de retraite



LE VENT DE LA CAMPAGNE

Le vent, le vent, parlons-en !... ces jours-ci, je ne l’apprécie guère. Il nous oblige à bien fermer notre manteau, à rester dedans pour éviter ces coups cinglants, et puis, il a couché la belle fleur de Pélargonium.
Je rêve de la douce brise qui nous caresse le matin, qui fait onduler les blés, frissonner le lac, et vivifier les pas hésitants. Elle passe partout, rien ne l’arrête, curieuse de visiter chaque sentier.
Ah, qu’il me tarde qu’il revienne, ce beau printemps !...                          « Reine »

Je me revois enfant. La lessive n’était faite qu’une fois par an, une soixantaine de draps souvent !...
La place principale du village était entourée de piquets supportant des cordes à étendre le linge. Cette place était fréquentée par les enfants du village et bien sûr, par moi-même.
Nous aimions à courir au milieu des draps battus par le vent souvent présent.
                                                                                                                       « Anna »

J’avais un troupeau de canards, il y en avait peut-être soixante !...
Un jour d’orage et de grand vent, mon Père me dit : « va rentrer les canards ».
Munie d’un long bâton, j’essaye de canaliser le troupeau, mais mon bâton-guide s’est cassé et il m’a blessée profondément à la jambe.
J’ai longtemps gardé une sensation de peur et de mal. Par la suite, mon Père m’a interdit cette occupation.
                                                                                                                        « Marthe »

Une année, un 14 juillet je crois…  le vent soufflait si fort, la grêle est tombée si forte, qu’au maïs il ne restait plus que les tiges.
Les fossés étaient blancs de grêle comme s’il avait neigé.
                                                                                                                       « Marcelle »

Rien de tel qu’un grand vent pour tout balayer.
Une certaine année, j’ai vu un désastre. Des champs de pruniers, source de vie du Lot et Garonne, furent dévastés. Sous les survivants, nus, il y avait des tas de feuilles projetées dans tous les sens.
Un nuage, noir de grêle, est apparu, il a détruit le reste des cultures. Cette vision m’a laissée surprise et imprégnée.
Positivons : rien n’est plus beau à mes yeux qu’une campagne fraîche balayée par un vent léger !
                 « Reine »

Le soleil se lève, la brume épaisse et matinale s’est bien dissipée. Les nuages roulent, impuissants, le vent se lève. La journée entière sera réservée au vent. Les oiseaux épousent un vol non contrôlé, ils se posent sur la pelouse sans s’attarder, cherchant à la hâte leur nourriture. La pie, du haut de son perchoir, observe puis prend son envol. Sous l’impulsion du vent, la nature s’anime, se protégeant au mieux. Les gros arbres offrent la splendeur, verte, de leurs feuillages printaniers, ils gémissent et se balancent, luttant pour garantir leur équilibre, leur vie.
Sous le vent qui semble redoubler d’efforts, des brindilles courent dans tous les sens, sans savoir où elles vont. Autour de moi tout est en mouvement, rien de bien méchant pour le moment. C’est beau !...
Je suis là, devant ma porte, le vent souffle me frappant en plein visage et détournant, momentanément, le cours de mes pensées.
                                                                              « Aline »

Assise sur le siège métallique, je venais de râteler du foin avec un râteau à cheval. On a vu venir le mauvais temps, mon mari m’a dit : « va t’en vite avec le petit ! ». 
La tempête arrivait, nous avions très peur et le cheval aussi, il restait planté là, impossible de le faire avancer. Je parvins à mener le cheval mais à peine s’il bougeait, à chaque bourrasque il s’arrêtait. Le retour à la maison fut ainsi très long, et j’ai eu très peur.
Enfin, le petit et moi étions à l’abri, mais je craignais encore pour mon mari resté au champ.
                                                                                                                            « Anna »

J’élevais des poulets, ils étaient dans des cabanes. Un jour, un vent violent est venu tout détruire.
La colère m’a prise, je voulais sauver mes poulets… je rentrais dans les cabanes au risque d’être blessée, mais je me sentais forte parce que j’étais en colère.
                                                                                                                « Marcelle »


Ceci est un atelier d'écriture qui se déroulait dans une maison de retraite. Les personnes âgées qui y participaient ont écrit des textes en rapport avec le vent. Elles racontent leurs souvenirs et c'est toujours très bien fait. Leur mémoire est parfois défaillante mais il faut peu de choses pour la relancer, et pour qu'elles revivent des moments heureux ou pas de ce que fut leur vie avant la maison de retraite. Elles sont adorables !

 


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